Texte

Abdelhak Serhane

Mourabiti, Le mystique des signes

« Celui dont nous t’offrons l’image,

Et dont l’art, subtil entre tous,

Nous enseigne à rire de nous,

Celui-là, lecteur, est un sage »

Charles Baudelaire

Ce que je vois, c’est la déambulation résolue du vent sur le sable. Le désert avance, paisible, enjambant ses propres échos. Et la résonance du soleil dévorant les dunes. Mourabiti. Un nom. Une saga à l’ombre des sept saints de Marrakech. Longue marche ou l’aventure qui se dessine au coin d’une toile. Une touche. Un trait. Une courbe. L’aventure continue. Sinueuse. Lumineuse. Somptueuse. C’est une Mémoire. Habitée par les couleurs de l’arc-en-ciel. Puis, au loin, des barques brûlées vives sur le rivage, calcinées, épaves abandonnées sur le chemin de l’Histoire. Le sable a recouvert les yeux. Un cheval blanc qui tombe. Des nuages sombres habitent le ciel. Des fagots en tablettes assassines, arrivent au galop, cognent aux portes des consciences abruties. Nous sommes déjà au siècle quatorze. Des voix mercurielles. Des pas qui vont, trainant leur misère. Le siècle quatorze ! Pas de sérénité ! Pas de pitance ! Nous y sommes. Des voix debout dans la mare, fracassées contre le roc… des voies et des montagnes…  des coquelicots noirs… des prières… des frissons oubliés… Vaillance et élégance de l’esprit dans les ténèbres. Blé tendre de la mer. Le visage d’une femme sorti tout droit d’un songe bleu. Arrive notre temps, notre époque. Troubles qui rident le désir, lassitude de l’âme et effarouchement… Puis, des surgissements, des intermittences, des contorsions, des mugissements. Et puis le silence ! Et puis l’absence ! Et puis…

La légende s’est égarée sur un chemin de traverse.

Le plus dur à supporter quand la musique se fait absence.

Mais la musique épouvantée reprend ses farandoles, déclenche ses convulsions et erre sur la cime des montagnes enneigées… Le délire délie ses franges, repousse ses rides en arrière, exhibe sa salive blanche, campe sur la colline et éclaire de sa torche furieuse nos pas de danses exaltées.

Reprend le bal et reprend l’air de nos tourmentes !

Arrive Mourabiti !

Non ! Mourabiti est déjà là !

Il est là bien avant Mourabiti.

Il est là avant l’heure. Avant le temps. Avant le siècle.

Et ce que je perçois à travers ses doigts, c’est tout d’abord une sorte de magie, comme le vol agité du colibri, le roulis de la vague sur le sable mouillé, ou le battement d’ailes d’une hirondelle, bondie, fulgurante, dans un coucher de soleil rebelle. Une sorte de poésie claire, couvée de jouvence phosphorescente. Quelque chose qui ressemble ou rappelle un rhizome ruisselant d’énigmes. Et je perçois l’épervier fugace surgi de la savane, comme un rêve oblique. C’est un je ou un jeu. Un je/u  ludique. Entre Mourabiti l’homme et Mourabiti l’artiste. Une sorte d’ivresse portée par le geste créateur de cet homme et la cosmogonie de son art. C’est le secret d’une mise en scène en peinture entre le visible et l’invisible, le saisissable immédiat et l’insaisissable, l’intérieur et l’extérieur. Entre les deux hommes dont les desseins se croisent sans cesse, se heurtent parfois, se confondent, il y a la démarche particulière et particulièrement lyrique sur l’acte créatif. Le talent de cet homme se situe dans le cadre d’une économie de l’être qu’il essaie de « justifier ». Est-ce la rencontre de l’être et de l’univers ? Est-ce l’expérience de nos évasions provisoires ? Je situe l’univers de Mourabiti dans un jeu fidèle à sa tradition, celui d’une croyance soufie qui vient d’une source éminemment spirituelle. Médiation entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’art, entre l’homme et la lumière. Entre l’homme et l’humain. Son art, son être ; le lieu même et la place d’un esprit qui cherche « le possible » en nous. C’est un jeu

de miroir, et ce jeu s’inscrit dans les plis du temps, comme un plaisir d’être dans la vie et dans le monde. Je suis donc je vis. Ou l’inverse. Comme le flux et le reflux des vagues qui échouent sur le sable puis repartent vers le large. Voyage sans cesse renouvelé. C’est ce jeu et ce plaisir qui donnent à Mourabiti la pleine dimension de ce qu’il est ; un homme dans le rythme structuré de sa vie et de sa création. Invariablement. Indissociablement.

Un homme qui rêve la vie et vit son rêve…

Un homme hanté par les étoiles. C’est l’histoire d’un désir, celui qui transforme la matière en devenir secret d’un monde où, souvent, il nous invite à sa rencontre… Ce monde est le sien. Et s’il nous permet d’y pénétrer le temps d’un repas, c’est par générosité. Car, son monde reste son monde, son socle, son repère, son regard intérieur, son isoloir, son antre mystérieux. Et nous serons toujours ses hôtes, c’est-à-dire, des passagers de l’oubli entre lucidité et silence !

L’artiste se recueille. C’est l’heure de la mesure.

Cette histoire, c’est celle d’une aventure personnelle dans son commencement, dans sa gestation et dans son accomplissement. Elle devient territoire de l’autre, sans frontières ni limites, quand le bleu du ciel rejoint celui de l’océan. Une histoire/mémoire qui dépasse le lieu, transcende le temps et interroge l’infini de notre regard. De ce fait, Mourabiti libère le rêve et fait partager ses visions avec une humanité plus large, plus avide de signes purs, plus apte à recevoir la vigueur de la surprise. Mourabiti est artiste, dans le sang et dans l’âme. Nous parvient en écho l’énigme qu’il pose et dont il s’inspire, nous conviant à embarquer dans la réflexion de son univers, à nous interroger sur ses interrogations, nous hisser au niveau de la question que pose l’art à notre conscience ou à notre inconscient. Nous parvient en écho l’angoisse de sa recherche perpétuelle. Car Mourabiti habite la question, la seule qui peut/doit être posée à notre fragilité ; qui sommes-nous dans l’indétermination de notre sort ?

Silence.

Je m’égare.

Parce que la question que pose le peintre ne peut trouver son écho que dans un autre égarement, plus substantiel, plus lourd. Plus subtile aussi. Egarement contre égarement. Dans les dédales de nos conflits, de nos enfers, de nos scissions, de nos circonspections et de nos concessions. Tous nos désordres posés sur la surface de la toile, comme dépositaires des sarcasmes du temps qui dévore les corps. Les labyrinthes de notre mémoire oublieuse. Les ruelles sombres de notre être, de notre paraître aussi, à la limite de nos grandes illusions. Mourabiti, avec sa barbe de derviche en herbe, s’érige en questionneur d’une spiritualité qui se réinvente et réinvente son propre devenir. Il est celui qui questionne. Qui nous questionne sur nous-mêmes, sur le lieu où se situent nos fragments d’êtres, la jungle des signes et des symboles d’un monde en état de décomposition jusqu’aux sublimités les plus paroxysmiques de notre citadelle.

Il est donc celui qui sonde !

Qui nous questionne !

Quant aux réponses…

Chercher dans les lieux. Ou dans la faille…

Le nom de Mourabiti est incontestablement lié à des lieux. Et ces lieux érigent l’intelligence de ses couleurs, de ses formes, de ses tonalités, de ses pigmentations, de ses taches d’ombre, de ses vibrations, de son énergie, les cadences inédites de l’effusion intarissable de son potentiel scriptural agissant et novateur... C’est que le nom de Mourabiti fait danser les couleurs des lieux, transmettant un dessein aux objets les plus hétéroclites et aux choses les plus anodines.

Pour approcher, et non comprendre, encore moins expliquer le travail de Mourabiti, il faut aller à Tahanaout. Pèlerinage obligé à Al Maqam. Lieu du secret. Lieu devenu mythique, habité par tant de subtilités artistiques. Tout y est ancien. Tout y est nouveau. Cette juxtaposition d’un monde révolu et d’un autre qui ignore encore son destin favorise le voyage. Le « moussem » est ouvert. Le marabout peut répandre ses absences sur nous, ses silences, ses subterfuges.

Alors ?

Tout ce baratin ne nous raconte pas la main de Mourabiti sur la toile !

C’est le goudron qui, d’abord, occupe la surface du lieu. Le noir-goudron, couleur du mal, du vain. La nuit tombe à l’aube, c’est-à-dire au commencement. On pourrait donc dire : au commencement était le noir. De là, nait la couleur ocre de la ville rouge. La médiation vient de là. Deux couleurs superposées entre deux interrogations imparables. C’est le rythme essentiel du sens mystérieux de notre existence. Et c’est d’ailleurs, dans la foulée de Mallarmé qu’il m’est arrivé de définir l’œuvre de Mourabiti comme « quêteuse de sens ». Et cette quête, bien évidemment, n’aboutit jamais. Elle est recommencement, puis renoncement aux projections aveugles des forces qui veulent la contenir dans un sens quelconque.

Se superpose alors le blanc du regard. Comme un champ de safran. Le blanc ajouté au blanc. Les cimes enneigées de l’Atlas. Virtuosité d’un désert dégarni.

Le noir a complètement disparu.

La peinture de Mourabiti est univers. Elle est existence, profondeur, elle est monde et elle est force aveugle à l’élucidation de ses contraintes. Equation égalitaire d’un mouvement convoqué par le geste poétique, l’énoncé qui réfléchit et se réfléchit, pouvoir interférant entre extérieur/intérieur, visible/invisible, sacré/profane. Les tableaux de Mourabiti accueillent et reçoivent les propositions faites par le grand dehors. Les terrasses des maisons basses, les paraboles mangées par la rouille du temps, le linge qui sèche au soleil, les fils électriques, les monceaux de tôle ondulée, les coupoles des marabouts, les antennes de télévision, les vieilles portes cloutées de la médina, les bouts de chiffons, les postes-radios qui n’ont plus de mémoire… Le peintre accueille toute cette confusion, la stocke dans ses entrepôts, l’interroge chaque jour pour lui extirper son secret. Ensuite, il la restitue dans sa propre lumière. Il est le miroir mental qui provient du chaos, transforme les images qu’il reçoit en une lumière astrale. Ces astres sont les débris de notre mémoire et ceux encore plus ambigus de notre regard.

Le goudron noir, ai-je dit, prend place dans le voyage. D’abord. Il est le réceptacle de ce qui vient, de ce qui n’est pas encore là. Réalité première d’un jeu qui met en exergue l’émergence d’une urgence entre dehors et dedans, support incontournable à la marche/démarche qui se prépare. Le goudron comme revêtement à ce qui va donner sens à la matière vivante de l’aventure. C’est le support qui supporte, au-delà du hasard, l’ultime vibration d’un cri en gestation. Trop subtile, trop intemporelle, trop fragile…

Trop.

En sourdine. Et, à l’instant de son impossibilité singulière d’apparition, Mourabiti prend en charge les présences insistantes de nos surgissements originels. Et, comme un glorieux passeur ou casseur, il nous rappelle nos permanences, à nous, pauvres oublieux de ce qui est notre urgence. Nous ramène aux confidences des timbales, nos mémoires qui se délitent, nos corps mal écrits et nos frayeurs délétères. En définitive, les toiles de Mourabiti sont un avertissement contre le divertissement qui use notre permanence. Nous sommes des gens distraits de certaines présences en nous et autour de nous.

Mourabiti nous le peint dans sa langue.

J’arrache le voile. Le masque tombe. La fête peut commencer…

Vient le nom du pays d’abord comme terre des racines, champ de cactus sauvages, Qu’il soit urbain ou pastoral, le lieu devient chant sous le pinceau de Mourabiti. Il faut lire dans ce lieu les signes d’un éternel recommencement.

La terre d’abord et toujours, comme un retour aux sources, une sorte de réinscription dans la matière et de réappropriation de ses contours organiques de son univers. A partir de quelques pigments, de quelques fragments de poussière, Mourabiti nous raconte une histoire, la sienne puis celle des autres. Une histoire qui trace ses frontières autour de l’ancrage de l’être, à travers une mémoire rythmée de ce soleil qui traverse sa peinture à chaque geste, chaque mouvement, filtrant la surface de ses toiles à pas de géant.

Et la terre ocre surgit. Le roc éclate. Des éclats de verre. Des éclats de terre. Des éclats de lumière. La ville rouge prend racine dans sa peau. Marrakech, sa ville, lieu de sa naissance, lieu de son premier cri, lieu de l’enfance et de la nostalgie dramatique !

Marrakech… le lieu dit !

Et ce lieu finit par devenir celui qui génère tout un mythe. Marrakech dans la plénitude de sa folie, de sa grandeur blafarde, fardée de souvenirs comme une femme de mauvaise vie, projetée dans un siècle qui n’est pas le sien, dans un cri qui ne s’exprime pas. Comme Marrakech, Mourabiti vit dans un corps-scriptural qui ne connait pas les contours de son temps. Il est loin de la cohue, loin de l’incommensurable petitesse de l’être d’aujourd’hui, pris en otage dans un corps trop étriqué. Trop froissé, trop moche pour une humanité qui va, sans savoir où elle met les pieds.

Mourabiti, lui, habite un lieu qui loge son corps et longe ses mains. Ou peut être l’inverse. C’est le lieu qui habite le lieu du corps. Marrakech, la rouge, al bahja, espace multiple de connivence entre nature et culture, entre réel et imaginaire, entre sacré et profane, comme les étoiles du désert un soir d’hiver.

C’est bien sûr Marrakech qui dicte sa danse, prescrit son corps comme espace et comme visage. Délire qui va, au-delà du verbe, sculpté dans la mémoire, peint dans la pensée d’une dimension prolixe en signes et en volumes. Au milieu de l’indécision et parfois même de l’imprécision des artistes d’aujourd’hui, Mourabiti habite complètement l’espace risqué de sa ville jusqu’aux éruptions cutanées de ses toiles. Tout y est, lui et la ville. Lui et sa ville. Ses pierres. Ses mausolées. Ses bruits de klaxons. Ses cohues. Leurs clameurs nous assourdissent et le courant de leurs souffles nous entraîne. La peinture ne fatigue pas, elle séduit et s’impose, claire et substantielle. Elle a la qualité du monde qu’elle reproduit, un monde qui réfléchit et se réfléchit. Et l’on voyage dans un univers de sensibilité propre, entre égarement et sentimentalité. Il est l’exemple même du créateur qui s’acharne devant l’impossibilité réelle d’organiser le monde qui l’entoure. Alors il recommence, d’autres toiles arrivent, d’autres gestes se posent, renouvellement de formes et de centres, de périphéries décentrées, de fragments de vie, de lambeaux… comme Sisyphe ramenant sans cesse son rocher au sommet de la colline. On retrouve le rocher. On retrouve Mourabiti et on retrouve tous ces débris qui font une vie. Débris étalés sur ses toiles comme des voyages. On s’y projette par paresse ou par naïveté.

Mais Mourabiti ne veut rien signifier par son travail, ne cherche pas à rassurer ni à conforter. Il veut simplement exposer son art dans la réalité de sa propre nature. Il s’inscrit au-delà du signe qui veut signifier. Quand Angélus Silesius énonce que « la rose est sans pourquoi », Mourabiti nous enseigne que sa peinture est, simplement. Elle est sans pourquoi et elle se suffit à elle-même, comme l’eau, comme l’air ou les vagues de l’océan. Elle est sa propre signification. Son moi intérieur sans pourquoi, son étoile du matin sans raison. Elle est la ville et la vie. Elle est le pays et ce qui l’inspire. Elle est l’âme de son maître et sa passion. Elle s’apparente souvent à une poésie qui coule dans les méandres de nos esprits, animant notre imagination et donnant des ailes à nos rêves les plus insensés. Mais comment nommer la ville en dehors de ses limites ? La ville se/suffit à elle-même, elle est le masque qui nargue les remparts. Et comme dit Khaïr-Eddine :

La danse. Bien sûr. Il est d’un pays où les guerriers dansent, n’en déplaise aux crétins ! Et cette danse, donne forme au rythme du mouvement du monde. Elle inspire les étoiles. La musicalité d’élan créateur est juste derrière, ou à la périphérie de la toile, dans l’essence même de cette peinture. Dans Fulgurances, Yasmina Filali dit à propos de Gharbaoui, « la danse aussi est rythme. Et le rythme est le signe particulier du langage abstrait. Il se meut sur les toiles en vibrations ou en pulsions simultanées, en accord ou en désaccord, ils scandent l’espace en lui donnant une direction de gauche à droite. La toile est alors une séquence. Un espace intemporel sans commencement ni fin. Ici, sourdent les signes sonores d’une composition basée sur la répétition ». Vibrations des gestes du danseur et pulsions des mouvements du peintre sur la surface glabre de sa toile. Elle fait corps avec l’univers. Elle est corps. Elle est le corps, le cri, le lanage premier de l’univers. La similitude, toujours selon Yasmina Filali, « trace le voyage imaginaire de l’homme aux sources de sa propre définition. »

De Gharbaoui à Mourabiti…

Quel chemin prendre ? Quels chemins…

Mourabiti ressuscite un nouveau langage dans la fulgurance qui consume son regard.

Sans rémission.

Sans concession.

Et de l’énigme nait un autre lieu, un autre corps, un autre…

Et c’est Tahanaout ! Alors, Tahanaout !

Lieu déjà nommé. Le lieu dit et redit. Al Maqam ! Désir et intervalle. On y pénètre comme dans un marabout. Une mémoire qui renvoie à l’origine, à la terre, à la mère. Mère-mémoire qui s’insurge contre l’oubli, contre le temps qui efface la trace. Mourabiti gardien du lieu. Chant aigu qui investit l’univers de l’homme. Musée contemporain d’une mémoire vivante, qui fait vivre le passé dans un grondement de beautés généreuses. Objets, sculptures, tableaux, livres… Autant de témoins de ce temps qui va. Puis la sérénité du lieu, merveilleuse consolation qui nourrit les nuages qui passent, creuse le vent enflammé du lieu. On y entre comme dans un poème irrigué de voix désensablées. C’est la bourrasque verticale du lieu, des lieux ; Tahanaout ! Al Maqam ! Carrefour d’un temps, d’un instant, qui veut réconcilier le vent furieux des dunes avec le bleu des océans, au-delà des montagnes de l’Atlas ! Al Maqam, comme le regard d’une jeune femme habillée d’ombre et d’écume enflammée, le sourire espiègle d’une enfance qui revient. Lieu égaré dans les branches ; oliviers rouges, palmiers bleus, cactus conquérants, figuiers vagabonds, lierres nomades…

Ici, des métaphores folles pour renaître au balbutiement premier. Car le nom de Mourabiti est à lui seul un lieu/des lieux ! Il est le lieu. Il est le lien. Celui où se croisent des univers, des êtres, des sensations, des passions, des visions, parfois des fantasmes… Deux couleurs dominantes, flamboyantes. Le blanc et le blanc qui ressemble à l’autre blanc. Pas tout à fait le même. Pas tout à fait différent. Et ces deux mêmes-couleurs invitent le reste à leur union. Petites touches disparates de gris, de rouge, de bleu, de jaune… complètent la scène. Monde en gestation. Et les deux couleurs dominantes, fonctionnent en binômes. Le noir n’est jamais loin. Concave et convexe. La paire joue la même partition que celle de l’homme et de l’artiste. En entrance ou pénétrance permanente, comme des siamois vivants dans un même corps, unique et différent. Inséparable de l’autre.

Chaque tableau de Mourabiti est un nouveau regard interrogateur sur la vie ! Avec tendresse et sensualité. Mais avec violence également. Chaque tableau, au-delà de la beauté du geste, dit plus, dit au-delà, dit nos regards en ruine, nos ratures, nos ratages, nos puanteurs, nos bonheurs en miettes, nos carcasses boursoufflées d’agonie, nos rires armés de poignards. Avec tendresse et sensualité.

Mourabiti est. Il est tout entier dans sa peinture. Dans le sein de la femme, le sein de la mère, le sein premier du premier souffle de vie. Le dirais-je jamais assez ? Il est tout entier dans son art qui est interrogation sur le monde et sur l’homme. C’est notre vision de la vie qu’il ré/invente dans chaque tableau, à l’infini du temps et de l’espace.

C’est un rêve qu’il vit et qu’il nous fait vivre.

C’est une vie qu’il rêve et qu’il nous fait rêver.

C’est le dire d’un homme qui n’a pas cessé d’être.

Pour échapper aux sourires avachis des fondrières. Le voilà installé dans le rythme intemporel de ses analogies parallèles. A jamais. Et il peint, sans relâche, la vie dans sa totalité, le connu dans son inconnu, la musique dans sa particularité, le silence dans son absolu, l’éclat dans ses extrémités, la frontalité dans son impatience et la virgule rouge quand l’orage pue ses entrailles… Il peint. Et il échappe aux ruines de nos rides, de nos cataclysmes. Il peint. Et dans chaque toile, il s’éloigne un peu plus du territoire termité de nos carcans, de nos masques fourbis, de nos tempêtes dressées en tessons de bouteilles. Sans rémission…

L’homme peint.

Il invente.

Crée un nouveau monde pour lui, pour nous.

Et ça suffit à sa vie.

Celui que j’appelle le mystique des signes est un homme qui inscrit sa vie au-dessus des signes et au-delà des symboles. Il est ascète, troubadour, vieux sédentaire errant, devin giclé de rire et de délire, marabout, derviche là où il avale ses heures perdues…

Car Mourabiti est.

Chercheur de signifiance

Mais plus que tout cela encore

Il est ce rhapsode qui peint

Artiste poétisant sa peinture

Jusqu‘à la limite du doute

En rythme d’images vivantes

Quand le vent crie sa douleur

Poète qui va

Façonneur d’un monde entassé qui va

Dans les turbans de la tribu

Enflée de lèpre de glaires

Et de mucosités ardentes

Charriées par le sang des murs

C’est au fond des toiles de Mourabiti

Que l’on devrait lire le vrai visage

De nos ruines

Car

Il nous le dit

Dans l’éclat indompté de son rire

Son accent marrakchi

Avec sa voix qui marche droit

Ses mains qui caressent les étoiles

Ses palettes ses pinceaux ses tubes de peinture son goudron

Et son regard lyrique des savanes

Il nous le dit

Dans la peinture irascible de ses entrailles

De ses ténèbres d’escarbilles

Portant ses Textes sur l’épaule

Ses clous et sa croix

Sans absolution !

Abdelhak Serhane

Professeur Émérite del’Université de Louisiane à

Lafayette, Etats-Unisd‘Amirique

Mourabiti
The mystic of the signs

«He whose image we offer you

Whose art subtler than all others,

Teaches us to laugh at ourselves,

He is a sage, gentle reader»

Charles Baudelaire

What I see is the determined wandering of the wind across the sands. The desert advances, peaceful, stepping over its own echoes. And the resonance of the sun as it scorches the dunes. Mourabiti.  A name. A saga in the shadow of the seven saints of Marrakesh.  A long walk, or an adventure drawn in the corner of a canvas. A touch. A line. A curve. The adventure continues. Curvy. Bright. Sumptuous. It is a memory. Inhabited by the colors of the rainbow. Then, in the distance, burnt rowboats on the shore, charred, abandoned wrecks on the path of history. Sand has covered the eyes. A white horse, falling. Dark clouds inhabit the sky. Kindling, in murderous tablets, arrive at a gallop, knocking on the doors of brutish consciences. We are now in the fourteenth century.  Mercurial voices.  Advancing steps, dragging their misery along.  The fourteenth century!  No serenity! No pittance!  Here we are.  Voices standing in the bog, smashed against the rock… tracks and mountains… black poppies… prayers… forgotten shivers… valor and elegance of the mind in darkness.  Tender wheat of the sea.  A woman’s face, straight out of a blue dream.  Now comes our time, our epoch.  Troubles that wrinkle desire, weariness of the soul, fear… Then, sudden appearances, intermittences, contortions, bellowing.  Then silence! Then absence! Then…

The legend has strayed onto a side road.

The hardest to bear when the music is absent.

But the music, terrified, resumes its dance, triggers its seizures and wanders on the snow-capped mountaintops ... Delirium loosens its fringes, pushes her wrinkles back, showing off her white saliva, camped on the hill and shining her furious torch on our exalted dance steps.

Reclaims the ball and reclaims the air of our torment!

Mourabiti appears!

No! Mourabiti is already here!

He is here well before Mourabiti.

He is early. Before time. Before the century.

And what I see through his fingers, it is first of all a kind of magic, like the agitated flight of a hummingbird, the roll of a wave on wet sand, or the flap of a swallow’s wings, dazzling, in a rebellious setting sun.  A kind of clear poetry, hatched of phosphorescent youth.  Something reminiscent of a rhizome dripping with mystery.  And there I see the fleeting hawk emerging from the bush, like an oblique dream.  It is an “I”, or a game.  A playful “I”.  Between Mourabiti the man, and Mourabiti the artist.  A kind of intoxication  brought upon by the creative act of this man and the cosmogony of his art.  It is the secret  to a staging in paint between the visible and the invisible, the immediately perceptible and the imperceptible, the inner and the outer.  Between these two men, whose designs constantly intersect, sometimes collide and merge, there is a particular and particularly lyrical approach to the creative act.  This man’s talent lies within the context of an economy of being that he tries to “justify”.  Is it the meeting of the being and the universe? Is it the experience of our temporary escapes? I place Mourabiti’s universe within a game true to its tradition, that of a Sufi belief born of a highly spiritual source.  A mediation between man and nature, between man and art, between man and light.  Between man and the human.  His art, his being; the very place of a might searching for “the possible” within us.  It is a game of smoke and mirrors, one that writes itself into the folds of time, like the pleasure of existing within life, and within the world.  I am, therefore I live.  Or vice versa.  Like the ebb and flow of the waves breaking upon the sand and returning to the sea.  A ceaselessly renewed journey.  It is this game, this pleasure that give Mourabiti the full dimension of what he is: a man in the structured rhythm of his life and his creation.  Invariably.  Inseparably.

A man who dreams his life, and lives his dream…

A man haunted by the stars. This is the story of a desire, one that transforms matter into the secret becoming of a world to which he often invites us to meet him… this world is his.  And if he allows us to enter it for the time of a meal, it is because he is generous.  For his world remains his own.  It is his foundation, his hideout, his inner gaze, his ivory tower, his mysterious lair.  And we will forever be his guests, that is, passengers of oblivion, between lucidity and silence!

The artist meditates.  Now is the time for judgment.

This story is one of a personal adventure in its beginning, its gestation and its fulfillment.  It becomes the territory of the other, with no borders or limits, when the blue of the sky meets that of the ocean.  A story/memory that transcends time and place, and that questions the infinity of our gaze.  Mourabiti thereby frees the dream and shares his vision with a humanity that is broader, more eager for pure signs, better suited to receive the force of surprise.  Mourabiti is artist in his blood and in his soul.  The riddle he gives us and that inspires him reaches us like an echo, inviting us to embark upon a reflection of his universe, to question his own questions, to rise to the level of the question art asks our conscience, or our subconscious.  The anxiety of his perpetual search reaches us like an echo.  For Mourabiti inhabits the question, the only one that our weakness could/should be asked: who are we in the indeterminacy of our fate?

Silence.

I digress

Because the question posed by the painter cannot find its echo in another, more substantial, heavier, more subtle distraction.  A Distraction against distraction.  In the labyrinth of our conflicts, our hells, our divisions, our circumspections and our concessions.  All our disorders sitting on the surface of the canvas, like custodians of the sarcasm of the time that devours the bodies.  The labyrinths of our forgetful memory.  Dark alleys of our being, of our appearance as well, to the limit of our grand illusions.  Mourabiti, with his dervish apprentice’s beard, rises as the questioner of a spirituality forever reinventing its own becoming.  He is the one who questions.  The one who questions us about ourselves, about the places in which our fragments of being lie, the jungle of signs and symbols from a decaying world to the most climactic sublimities of our citadel.

It is he who searches!

Who asks us!

As for the answers…

Search within the places.  Or within the cracks…

The name Mourabiti is undeniably linked to these places.  And this places erect the intelligence of its colors, its shapes, its tones, its pigments, its shadows, its vibrations, its energy, the untold cadences of the inexhaustible outpour of its innovative scriptural potential…  The name Mourabiti makes the color of places dance, transmitting a deliberate design to the most disparate objects, and the most trivial things.

To approach –not to understand, much less to explain, Mourabiti’s work, one must go to Tahannaout for the necessary pilgrimage to Al-Maqam.  Place of secrecy.  Mythical place, infused with such artistic subtleties.  All in it is old.  All in it is new.  This juxtaposition of a bygone world and another that still ignores its fate is favorable to the journey.  The “moussem” is open”.  The marabout can spread his absences his silences, his subterfuges upon us.

So?

All this nonsense doesn’t speak to us of Mourabiti’s hand upon the canvas!

First, it’s the tar that occupies the surface.  Black tar, color of evil, of the vain.  Night falls at dawn, that is, at the beginning.  One may even say: In the beginning, there was darkness.  From it the ochre color of the red city was born.  Mediation comes from there.  Two colors, superimposed between two unstoppable questions.  This is the essential rhythm of the mysterious meaning of our existence.  And it is here also, in the words of Mallarmé, that I happened to describe Mourabiti’s work as “searching for meaning”.  This search, of course, never ends.  It is re-beginning, then renouncing of the blind projections of forces wishing to contain it in any direction.

Added then is the white of the gaze.  Like a saffron field.  White added to white.  The snowy peaks of the Atlas.  Virtuosity of a receding desert.

Black has disappeared completely.

Mourabiti’s painting is universe.  It is existence, depth; it is world and it is blind force for the elucidation of its constraints.  Egalitarian equation of a movement brought upon by the poetic gesture, the statement that reflects and is reflected, the power that interferes between inner and outer, visible and invisible, sacred and profane.  The works of Mourabiti welcome and receive propositions made by the great outdoors.  The terraces of low houses, the satellite dishes eaten by the rust of time, the laundry drying in the sun, the electrical wires, the piles of corrugated metal, the domes of the marabouts, the television antennas, the old studded doors of the medina, the torn rags, the old radios with no memory… the artist welcomes all this confusion, stores it in his warehouses, questions it each day to extract its secret.  Then, he returns it to its own light.  He is the mental mirror that comes from chaos, and that transforms the images it receives into astral light.  These stars are the remnants of our memory, and those – even more ambiguous, of our gaze.

Black tar, as I said, takes its place in the journey. At first. It is the receptacle of what is yet to come, what is not there yet. Primary reality of a game that highlights the emergence of an emergency between outside and inside, indispensable support to start / approach that is brewing. Tar as a coating for that which will give meaning to the living matter of adventure. This is the support that supports, beyond chance, the ultimate vibration of a cry in the making. Too subtle, too timeless, too fragile ...

Too much.

Muted. And, at the moment of its singular impossibility of appearance, Mourabiti supports the insistent presence of our original upsurges. And, as a glorious maker or breaker, he reminds us of our permanence; we who are so forgetful of our own urgency.  He reminds us of the secrets of the timbales, of our disintegrating memories, our poorly written bodies and our deleterious fears.  Ultimately, Mourabiti’s works are a warning against the distraction that wears out our permanence.  We are distracted of certain presences within and around ourselves

Mourabiti paints this in his own language

I tear off the veil.  The mask falls.  The party may begin.

First comes the name of the country, like the soil around roots, or wild cactus fields. Be it urban or pastoral, place becomes song under Mourabiti’s brush.  One must read in this place the signs of an eternal rebirth.

The land, first and foremost, like a return to the source, a sort of re-inscription into the matter; a re-appropriation of the organic contours of its universe.  Starting with a few pigments, a few specks of dust, Mourabiti tells us a story, his, and that of others.  A story that draws its borders around the anchor of the being, through the rhythmic memory of this sun that crosses his paintings with each gesture, each movement, filtering the surface of his canvases with a giant’s steps.

Then the ochre earth arises.  The rock explodes.  Shards of glass.  Bursts of soil.  Flashes of light.  The red city takes its roots in his skin.  Marrakech, his hometown, his birthplace, the place of his first cry, of his childhood, and of dramatic nostalgia!

Marrakech… The place that was told!

And this place ends up becoming the one that generates an entire myth. Marrakech in the fullness of its folly, its pale grandeur, burdened with memories like an old prostitute, thrown into a century that isn’t its own, with a cry that can’t be expressed.  Like Marrakech, Mourabiti lives in a scriptural body that does not know the contours of its time.  He is far from the crowd, away from the immeasurable smallness of today, held hostage inside too narrow a body.  Too wrinkled, too ugly for a humanity that just walks along, not knowing where it steps.

Mourabiti lives in a place that houses his body and runs along his hands. Or maybe it is the opposite. Perhaps it is the place that inhabits the body.  Marrakech the red, al bahja, place of multiplicity and collusion between nature and culture, between real and imaginary, between secret and profane, like the stars in the desert on a winter night.

It is of course Marrakech that dictates its dance, that defines its body as a space and as a face.  A delirium that goes far beyond the verb, carved into memory, painted in the thoughts of a dimension prolific in signs and volumes.  Amid the indecision and sometimes vagueness even of artists today, Mourabiti fully inhabits the risky space of his city, to the point of rashes in his paintings.  All is there.  He and the city.  Him and his city.  His stones.  His mausoleums.  His car horns. His throngs.  Their cries deafen us and the current of their breaths carries us away.  Art does not  tire.  It seduces and imposes itself clear and substantial.  It has the quality of the world it reproduces; a world that reflects and that is reflected.  And we journey through a world of genuine sensibility, between confusion and sentimentality.

He is the epitome of the creator who struggles against the real impossibility of organizing the world that surrounds him.  So he begins anew. Other canvases arrive, other gestures arise, renewal of shapes and centers, of decentered peripheries, of fragments of life, of shreds… like Sisyphus continually bringing the rock back to the top of the hill.  We find the rock.  We find Mourabiti, and we find all this debris that makes a life.  Debris spread across his canvases like journeys.  And we project ourselves onto them, by laziness or by naiveté.

But Mourabiti  does not want to mean anything through his work;  he does not seek to reassure, nor to comfort.  He simply wants to exhibit his art within the reality of his own nature.  He falls beyond the sign that wishes to signify.  When Angelus Silesius states that “the rose is without why”, Mourabiti teaches us that his painting simply is.  It is without why, and it is self sufficient, like water, like air, or the ocean’s waves.  It is its own signification.  Its inner self is without why, its morning star without reason.  It is the city and it is life.  It is the country and what inspires it.  It is its master’s soul and his passion.  It often resembles a poem flowing through the labyrinth of our minds, kindling our imagination and giving wings to our wildest dreams.  But what to call the city outside its boundaries? The city too is self-sufficient; it is the mask that mocks the ramparts.

Dance. Of course.  He comes from a land where warriors dance, no offense to the morons! And this dance shapes the rhythm of the movement of the world. It inspires the stars.  This musicality with a creative impulse is just behind, or right at the periphery of the canvas, in the very essence of this painting.  In Fulgurances, Yasmina Filali says about Gharbaoui “dance too is rhythm.  And rhythm is the particular sign of abstract language.  It  moves on the canvas in simultaneous vibrations or pulses, in harmony or disharmony, they punctuate the space, giving it a direction from left to right. The canvas is therefore a sequence.  An timeless space with no beginning nor end.  Here rise the audible signs of a composition based on repetition”.   Vibrations of the dancer’s gestures, and the painter’s movements on the smooth surface of his canvas.  It is one of the universe.  It is body.  It is the body, the cry, the primal language of the universe.  The similarity, again according to Yasmina Filali, “traces the imaginary journey of man to the source of his own definition.”

From Gharbaoui to Mourabiti…

Which path to take? Which paths…

Mourabiti resurrects a new language in Fulgurance that consumes his gaze.

Without remission.

Uncompromising.

And from the riddle is born another place, another body, another…

It is tahannaout, then! Tahannaout!

A place already named, a place told again and again.  Al Maqam! Desire and interval.  One enters it like one enters a Marabout.  A memory that returns to the origin, to the land, to the mother.  Mother-memory that rebels against oblivion, against the time that erases the trace.  Mourabiti is the guardian of the place.  High pitched song that fills the world of man. Contemporary museum of a living memory, that brings the past to life in a roar of generous beauties.  Objects, sculptures, paintings, books… like so many witnesses in this fleeting time.  Then there is the serenity of the space, wonderful consolation that feeds the passing clouds and hollows the inflamed winds of the place.  One enters it as one enters a poem watered with voices cleared of sand.  It is the vertical gust of the place, of the premises. Tahannaout! Al Maqam! Crossroads of a time,  a moment that reconciles the furious wind of the dunes with the blue of the oceans, beyond the Atlas Mountains! Al Maqam, like the gaze of a young woman dressed in shadow and burning sea foam, or the mischievous grin of a returning childhood.  A place lost in the branches; red olive trees, blue palms, conquering cacti, vagabond fig trees, nomadic ivy…

Here, crazy metaphors to find the original stuttering. For the name of Mourabiti alone is a place/places! It is the place. It is the link. The one where worlds, beings, feelings, passions, visions, and sometimes fantasies cross... Two dominant, flamboyant colors,. White and white that looks like the other white. Not quite the same. Not quite different. And the same two-colors invite the rest to their union. Disparate small touches of gray, red, blue, yellow ... complete the scene. World in the making. The two dominant colors, operate in pairs. Black is never far away. Concave and convex. The pair plays the same partition as that of the man and the artist.  Permanent  entering and penetrating, such as unique and different Siamese living in the same body. Unique and inseparable from each other.

Each painting of Mourabiti is a new questioning look on life! With tenderness and sensuality. But also with violence. Each painting, beyond the beauty of the gesture, says more, says beyond, says our gazes in ruin, our deletions, our failures, our foul smells, our crumbling happiness, our agony bloated carcasses, our laughs armed with daggers. With tenderness and sensuality.

Mourabiti is. He is whole in his painting. In the breast of the woman, the mother‘s breast, the first breast of the first breath of life. Could I say ever it enough times? He is in his entirety in his art which is an interrogation on the world and on man. It is our vision of life he re / invents in each painting in the infinity of time and space.

It is a dream that he lives and makes us live.

It is a life that he dreams and makes us dream.

It is the statement of a man who has not ceased to be

To escape the slumped smiles of the potholes. There he is settled in the timeless rhythm of his parallel analogies. Forevermore. And he paints, tirelessly, life in its entirety, the known in its unknown, music in its particularity, silence in its absolute, the shine in his extremities, frontality in its impatience and the red comma when the storm stinks its bowels ... He paints. And he escapes the ruins of our wrinkles, our disasters. He paints. And in each canvas, he moves a little further from the termite ridden territory of our shackles, our makeshift masks, our storms erected into broken bottles.  Without forgiveness…

The man paints.

He invents

He creates a new world for himself, for us

And that’s enough for him

The one I call the mystic of the signs is a man who makes his life above signs and beyond symbols.  He is ascetic, a troubadour, an old wandering sedentary, a soothsayer bursting with laughter and delirium, a marabout, a dervish where he swallows his spare time…

For Mourabiti is.

Seeker of significance

But even more than that

He is the rhapsode who paints

The artist poetizing his painting

To the very limit of doubt

Rhythmically with living pictures

When the wind screams its pain

The poet who goes

Shaper of a crowded world that will

In the turbans of the tribe

Swollen leprosy of mucus

And burning mucus

Carried by the blood of the walls

It is within the Mourabiti’s paintings

That we should read the true visage

Of our ruins

For

He tells us

In the untamed splendor of his laugh

His marrakchi accent

With his straight shooting voice

His hands that caress the stars

His palettes his brushes his tubes of paint his tar

And his savannah lyrical gaze

He tells us

In the irascible painting of his entrails

Of his darkness’ cinders

Carrying his texts on his shoulders

His nails and his cross

Without absolution!

Abdelhak Serhane

Professor Emeritus at the University of Louisiana

Lafayette, USA.