Texte
2007
Georges A. Bousquet
Et Mourabiti, où est-il ? Il est dans son propre atelier, un Maqâm surchauffé, malgré les courants d’air entre les toiles, entre une trentaine de tableaux, aux murs et parterre, certains achevés, signés même, d’autres attendent encore les pigments, les traits de peinture que Mourabiti vient ajouter, directement de l’œil – sans appel - à la toile.
On s’attend presque à voir des aides préparant les pigments, aidant au travail du créateur, mais non, Mourabiti est seul maître à bord : on sent pourtant chez lui la maîtrise d’un chef d’atelier des temps passés…
Ses thèmes sont, là encore, les marabouts, les paraboles, témoins antagonistes du monde où nous vivons.
Ses dernières expositions, dans les instituts Français de Marrakech et de Casablanca, ont fait l’objet de catalogues présentant sa quête « d’un monde qui se défait … et se défend (mais) encore vivable. » (Souné Prolongeau Wade).
Edmond Amran El Maleh a tracé le scénario, curieux, d’un « critique d’art dûment patenté, attendu comme le messie… »
Et la tombe de Sartre en Genêt et en Tapies, sans discerner le lien avec Mourabiti « qui peint sans clameur, sans tapage. »
Jean Jacques Beucler, écrit fort justement, que « Mourabiti poursuit son chemin à la découverte de la source première, celle de la matière… dans une mise à jour d’images architectoniques surprises dans l’infini d’un potentiel inépuisable. »
Moulim El Aroussi, lui, salue le retour du peintre à son enfance Marrakchie, à quoi « s’est ajoutée sa relation à la terre et à la nature… composante plastique essentielle de sa peinture. »
Mahi Binebine, avoue « n’avoir jamais su disserter sur la peinture ». Pourtant, ses tableaux, eux, dissertent, et il écrit, fort bien, que « l’univers de Mourabiti et le sien, bien que différents sur la forme, sont soumis aux mêmes préoccupations. Parce que les fantômes qui le hantent complotent avec les miens… »
En fin de citation, je ne peux oublier le très intéressant texte de Mostafa Chebbak pour un ouvrage commandé par la fondation SHASHOUA : Artistes Marocains contemporains (ED. Raja Belamine Hasnaoui. Londres 2007).
Mourabiti y figure parmi les 10 peintres Marocains et M. Chebbak trace « l’envol fulgurant à partir du printemps 2006, du peintre des marabouts et des paraboles où la peinture redevient, justement, fenêtre, ouverture sur le monde… où le réel se perd, le sol se dérobe. Pourtant, rien de théorique, chez Mourabiti, mais une simple mise en forme (et, peut-être de sens) de ce que nous regardons sans vraiment voir. »
M. Chebbak a très bien vu l’imperceptible, à travers les formes contrariées des marabouts et des paraboles, et le petit triptyque de Mourabiti devant lequel j’écris des lignes, se traduit aisément en présentant, d’un tableau à l’autre, ce qui s’incruste, s’évanouit ou se transforme.
Georges A. Bousquet
Marrakech 5 juillet 2007
Where is Mourabiti then? He is in his own workshop called the Maqam. The venue is overheated, despite the cool air currents swerving between thirty paintings displayed on walls and on the floor. Some have already been completed and even signed whereas others are still waiting for pigment, or final touches that Mourabiti would add directly to the eye-not straight on the canvas.
One should expect to see an assistant preparing pigments, helping the work of the initiator, on the contrary, Mourabiti is fully at work by himself: in full control, the way workshops were operating in the past....
His themes are again, marabou, and satellite dishes, antagonist witnesses of the world where we live.
His latest exhibition at the French institutes of Marrakech and Casablanca, were the subject of catalogs featuring his quest «for a world that is falling apart ... struggling (but) still there.”(Souné Prolongeau Wade).
Edmond Amran El Maleh outlined the scenario, analytical as usual, a «duly licensed art critic, considered as the messiah ...»
What about Sartre and Genet not discerning the link with Mourabiti «who would paint without clamour, without trumpet blast.»
Jean Jacques Beucler writes rightly, that «Mourabiti continues his path towards discovery of the primary source, and of the matter ... in an update of architectural surprises in pictures infinity of endless potential.”
As for Moulim El Aroussi, he welcomes the artist’s returning back to his Marrakchie childhood. Adding to this, «he has added his relationship to the land and to nature ... key component of his painting.
Mahi Binebine said «he never knew chatting about painting. » Yet Mourabiti’s paintings, and his, hold forth. Mahi Binebine then adds «the world of Mourabiti and his, though different in shape, are subject to the same concerns. Because the ghosts haunting Mourabiti keep plotting with mine... »
While finishing the quote, I cannot forget the very interesting text of Mustafa Chebbak for a work commissioned by the Shashoua foundation: Contemporary Artists Moroccans (ED Raja Belamine Hasnaoui London 2007...). Mourabiti is among the 10 Moroccans artists that Mr. Chebbak tracks as «the rapid journey since the spring
of 2006, the painter of marabout and satellite dishes where paint becomes precisely a window wide open to the world ... where reality is lost and the ground slips away. Yet there is nothing theoretical appearing in Mourabiti’s work, but a simple formatting (and possibly direction) of what we see without really seeing.»
Mr. Chebbak clearly saw the imperceptible, through disgruntled forms such as marabou and dishes. There is also the small triptych Mourabiti before which I write lines that simply get decoded while moving form a painting to another embeds, vanishes or simply gets transformed.
Georges A. Bousquet
Marrakech 5 July 2007