Texte

2007

Rajae Benchemsi

Mohammad al-Morabiti, peintre de l’intensité à la foi

Mystère. Invisible. L’on peut sans conteste soutenir que Mohammad Mourabiti est dès l’abord dans l’errance du vrai ; centre précisément invisible mais fascinant et attractif qu’il ne cessera de poursuivre. Très tôt animé par un sentiment de justice qui déborde, pourrait-on dire, sa conscience de jeune adolescent, il tourne le dos aux rouages classiques de l’enseignement et quitte le Lycée Ibn Toumert pour entamer son éducation personnelle. Il exprime alors le désir d’intégrer l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca, mais se heurte à l’interdit, ferme et irrémédiable, de l’Administration sous prétexte qu’il n’a pas le diplôme requis. Plutôt que de le calmer cela attise sa colère, l’affirme dans sa volonté et confirme son tempérament de jeune rebelle.

En bon musulman, il se réfugie dans le giron de sa mère tout en prenant systématiquement sa défense contre l’autorité du père qui finira par le déterminer à subvenir à ses besoins à un âge très précoce. Après une formation et un diplôme en technologie, il travaille dans différents secteurs avant que le sort ne le mène vers une entreprise de stores où il tire la toile, la tend et la plisse, accomplissant là un geste prédestiné. Ce n’est que beaucoup plus tard que cette même toile retiendra dans sa trame le secret de l’univers intérieur de l’artiste ainsi que les prémisses d’une symbolique qui très vite, énonce et figure une matière spirituelle où les mausolées, aux coupoles blanches, balisent et orientent l’espace tant des étendues rurales que celui des cités traditionnelles.

Cette toile est tantôt recouverte d’aplats rouges, blancs, noirs ou verts qui percent une « Je fus saisi. Choqué. Déçu, me confia-t-il. Pourquoi son tombeau est-il recouvert d’une vitre ? Pourquoi une telle négligence quant à l’architecture du Mausolée ? » Puis, paisible il ajouta : «Malgré la colère, je m’assis et récitai la sourate Ya-cin. » Peu à peu le submergea un puissant influx spirituel, celui-là même issu de cette source inépuisable et qui à ce jour continue de souffler sur l’Orient et l’Occident, celui du plus grand des maîtres et qui disait : « Je ne parle que de ce que je goutte. » Cette saveur indicible aurait-elle imprégné le cœur du jeune artiste ? Sans doute cette grâce ininterrompue et diffuse le prédisposa-t-elle à « se trouver ». A « trouver son être ». Wajada nafsahu. « C’est à ce moment précis, me dit-il, que je décidai de rendre cet humble hommage à cet illustre ami de Dieu. »

Quant à cette enveloppe de verre qui entoure le tombeau d’Ibn Arabi, ne pourrait-on pas soutenir qu’en tant que principal héritier mohammadien, il est éternellement, aussi, une lumière qui luit à l’intérieur d’un verre…, symbole de pureté et de transparence.

Rajae Benchemsi

Mohammad al-Morabiti, from passion to Faith

Mystery! Invisible! One can undoubtedly argue that Mohammad al-Morabiti embarked untimely wanderings in truth; specifically invisible but fascinating and attractive center that will continue to pursue. Early animated by a sense of justice that overflows, his awareness as a young teenager, he turned his back to the classical machinations of formal education and left Ibn Toumert high school to embark on his own personal schooling. He then expressed the desire to join the School of Fine Arts in Casablanca, but unfortunately could not. The firm and irrevocable, Administration raised the alleged reason that Mourabiti did not have the requisite certificate. This angered the young man and confirmed his character of a young rebel artist.

As a good Muslim, he took shelter in the lap of his mother while systematically taking his defence against the father‘s authority that would eventually cause his determination to support himself at a very early age. After training and receiving a technology degree, he worked in different sectors before the spell leads him to a window blinds’ store where he would stretch canvas. It was only much later that the same canvas would be maintained in its frame, the same as the secret of the inner world of the artist. It was also the early stages of a symbolism that quickly gets to state a spiritual topic where mausoleums, and white domes, mark out and guide the rural area as extensive as that of traditional cities.

This canvas is now coated with red solids, white, black or green piercing.“I was struck! I am Shocked and disappointed“, he told me. How come his graveyards are covered with glass? Why such negligence to the architecture of the Mausoleum? „Then, he’d would add serenely: “Despite the annoyance, I sat down and recited Surah Ya-cin.He gradually got overwhelmed by a powerful spiritual impulse, the same one from this inexhaustible source that still continues up to date to blow on the East and West, one of the greatest masters who would say,” I only talking about what I savour How would this inducible flavour be permeated to the heart of the young artist? No doubt this uninterrupted grace incites tone to find oneself“. A kind of “self discovering.“ Wajada nafsahu. „It was at that moment, he said, I decided to make this humble tribute to this illustrious friend of God.”

As for the glass enclosure that surrounds the tomb of Ibn Arabi, could we not argue that as principal heir Muhammadan, it is forever, like a light that shines inside of a glass ...a symbol of purity and transparency..

Rajae Benchemsi